Tu ne m'as jamais dit 

 

 

 

Que le lilas cueilli et séché

servait à parfumer et orner

les robes blanches comme le muguet

des mariées de juillet

 

Que les fleurs de pommiers de juin

servaient de fruits à Ève

pour leurrer en son cœur et ses rêves

Adam, l'homme, cet Un

 

 

Tu ne m'as jamais dit


 

Que le rosier et ses roses

servaient à la couronne des gloires

des apothéoses, des victoires

striaient la chair des heures moroses


 

Que la vigne et ses raisins

servaient à se saouler de divin

voire les couleurs et plus loin

à macérer les illusions perdues

à noyer les douleurs, les chagrins


 

Tu ne m'as jamais dit

 

 

Que les champs de trèfles et de blés

servaient à nourrir les pensées

à sommeiller dans la nuit noire

sous le grand chêne tous les espoirs


 

Que tes souliers tous patinés

laissaient des traces de géant

dans ce sentier ensemble marché

une voie dans un cœur d'enfant.


 

Tu ne m'as jamais dit

Je ne t'ai jamais dit


 

Que le lilas apporté à Marie

priait pour toi, que tu ne m'oublies

que ces roses, portées à l'autel

étaient pour toi mon hirondelle

 

 

Que dans ma gorge

s'étouffait l'homme

de cette pomme

fruit de la forge


 

Je ne t'ai jamais dit


C'est toi mes ailes.

 

 

Les Pages de Cadet

Copyright P.-A. Ducharme 2009-2010


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