C’est vrai j’étais un prince,
lorsque j’étais enfant
Héritier sans sujet sans terre
et sans argent
Je m’évadais perçant des trous
dans mon présent
Vers un monde insensé fait de
rêves de vent
Ma couronne n’était ni d’or, ni
de diamant
Mon regard s’étendait aux
limites du temps
J’avais une ambition, je la
garde toujours
Celle de vivre heureux dans un
monde d’amour
Je ne rêvais ni de richesse ni
d’argent
J’étais jeune vous dis-je et
n’avais qu’un tourment
Celui de conserver, toujours en
grandissant
Ce pays merveilleux, où je
régnais enfant
Mais jamais je n’ai mis le
manteau de mon père
Il était bien trop grand,
ridicule et sévère
Prince héritier d’accord, mais
d’un autre domaine
Je voulais un manteau d’allure
souveraine
J’en ai porté beaucoup changeant
au fil des ans
Je les trouvais toujours au
début, très seyants
Mais vite ils me serraient ou
devenaient trop grands
Et leurs couleurs passées en
balisaient le temps
Que de fois n’ais-je cru, enfin
l’avoir trouvé
Et que de fois encore me suis-je
ravisé
Il était bien trop mince ou
chaud ou encombrant
Jamais je n’ai trouvé le manteau
de mes ans
A chaque âge j’avais des enjeux
différents
Enfant j’étais Icare et lorsque
adolescent
Je courrais au devant d’une vie
accomplie
Je revêtais toujours des
manteaux trop petits
Je finirai un jour, je crois,
décidément
A la fin de ma vie, nu comme au
premier temps
Le seul manteau que j’aurai su
garder jusqu’à ma mort
Alain Springer©
Ouvre en titre de Claude Théberge©
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de Poésie