SOUVENIRS SOUVENIRS

ou

L’HISTOIRE DE  

FULGENCE, GASTON ET JEAN MARIE TANTOT

En ce temps-là on appelait ça une composition, aujourd’hui on dit un « exo ».
Ce jour-là, Caroline dite Caro,, reçoit un appel, sur son portable :

- « Allo ! C’est toi ? C’est moi ! Salut vieux débris ! S’il y a de la casse en vue, tu m’siffles, j’suis ton mec ! Dans le genre gros bras, tu dois déménager un max ! Ici la zone, ça craint ! C’est génialement décadent comme trou, ça jette un peu, faut dire, mais ça bouchonne pas des masses ; un brin seulot ! Si, si, c’est cool oui, j’vais pas râler ! Comment ? OK ! J’ai compris, mes neurones ont vibré ! La bouffe ? Oh ! La crise, s’ils croient que je carbure aux biscottes et de l’air du temps, alors là, ils se plantent, pourtant en ce moment, j’ai l’estomac qui amorce une grande descente ! Oh ! Comme c’est gentil, tu me flashes les zigomates ! Une sortie au bowling ce soir ? Non je ne peux vraiment pas, demain j’ai un exo de maths et je flippe un max ! Je n’arrive plus à me rappeler ni comment utiliser, le théorème de Creutzfeld-Jacob ! Comment ? Lui ? Oh non ! Il est trop nase ! C’est un gogol, tu l’as vu avec ses scarifs ! Complètement grunge ! C’est clair ! C’est ça, je t’envoie un texto ou un mail si j’ai le temps, si j’ai pas de bug sur mon ordi ! Tu peux aussi m’appeler, sur mon blog ! C’est ça, bisous !! A plus…etc !! »

Ma composition, celle de calcul, je l’avais bien préparée à la maison, après avoir fait la traditionnelle corvée d’eau, parce que nous n’avions pas encore l’eau courante. Il y avait quand même du carrelage, mais uniquement  au-dessus de l’évier, un carrelage avec un arrondi et je m’amusais à faire, avec les carreaux, des problèmes de surface. J’entendis soudain, le train siffler de l’autre côté de la forêt, et rien qu’au son, je savais que demain il pleuvrait, c’est mon pépé qui me l’a appris et bien d’autres choses, de plus, les martinets faisaient du rase-mottes, pour attraper moucherons et moustiques, ça c’est encore mon pépé qui me l’ab appris et cela qui confortait mes prévisions météorologiques. Ma nuit fut un peu un peu agitée ; se mêlaient les bruits de deux trains, ils étaient partis chacun d’une gare différente, à une heure elle aussi différente, ils roulaient l’un vers l’autre, sur deux voies parallèles mais pas à la même vitesse et ils devaient se croiser à une certaine heure obligatoirement, mais à quelle heure ?? Puis j’entendis les premières gouttes de pluie sur le toit et je m’endormis. La bonne odeur du café qui passait tout doucement au bord de la cheminée, me réveilla tout à fait.

Cette journée là, fut une journée, très particulière et je n’étais pas prêt de l’oublier.

Comme chaque matin, notre maître d’école, dans sa blouse grise, nous accueillit un par un devant la grille, avec un grand sourire,  en nous appelant par notre prénom, et ayant un mot de bienvenue, pour chacun, il allait même jusqu’à demander des nouvelles de la mauvaise bronchite du grand-père, ou de la chute de l’arbre sur la grange.

Après quelques jeux dans la cour, le maître, frappa dans ses mains et nous nous mîmes en rang ; puis nous entrâmes en silence en classe, laissant nos sabots à l’entrée, comme nous le faisions tous les jours.

Pour bien démarrer la journée, notre maître, qui adorait chanter et qui avait une voix superbe, aimait nous faire partager sa passion. Nous chantions donc tous les matins, à une ou plusieurs voix et même en canon ; dans la journée, lorsque l’attention tombait, ou qu’il sentait une certaine lassitude chez ses élèves, il arrêtait sa leçon de choses, ou de géographie, il  faisait alors chanter toute la classe, (je me souviens encore de ses chants : LA FILLE DU LABOUROU,  LOGUIVY DE LA MER (*), LA CALEDONIE (*),  etc, etc. Puis le cours reprenait avec plus d’assiduité. Les leçons d’histoire, elles, étaient un vrai régal, car en plus d’être un excellent pédagogue, c’était un conteur hors-pair, nous aurions pu passer des heures à l’écouter nous raconter, comme si nous y étions, la bataille de Valmy, ou la construction des pyramides du temps du grand Ramsès. Comment pourrai-je oublier sa leçon de géographie sur la Nouvelle Guinée et ses peuplades de Papous. Un de nos camarades de classe, prénommé Gaston, un grand « bobia(1) » très souvent « barbâchoux (2)», comme le disait ma mère : « un « barbouillé de saindoux », qui devait se laver une fois de temps en temps et encore avec un bouchon « d’étchuelle(3) » !! Nous l’appelions aussi « le gaffeur ». Il  écoutait très attentivement, ne perdant pas une seule parole du maître. Il se distingua, lors de cette leçon. Il leva la main, et demanda :

- Maître, est-ce que les Papous ont des poux comme nous ?

Le maître un peu surpris par cette question, lui répondit qu’il pensait que oui, qu’à ses yeux, il n’y avait pas de raison, que les Papous, n ‘aient pas de poux, comme tout un chacun.

Il y eut un silence, les yeux rivés au plafond, le visage de Gaston, exprimait, un très profonde réflexion, puis il nous regarda d’un coup d’œil circulaire et reprit la parole :

- Donc, chez les Papous, il y a des Papous papas, et des Papous pas papas, il y a aussi des Papous papas à poux et des Papous pas papas à poux et des Papous pas papas pas à poux.

- Maintenant, chez les poux, il y a des poux papas et des poux pas papas, en conséquence, il y a donc des Papous papas à poux papas, des Papous papas pas à poux pas papas, des Papous pas papas à poux papas, des Papous pas papas à poux pas papas, des papas Papous et des papas pas Papous, des papas Papous à poux et des papas Papous pas à poux, des papas pas Papous à poux, des papas pas Papous pas à poux, des papas Papous à poux, des papas Papous à poux pas papas, des papas Papous à poux papas, des papas pas Papous à poux pas papas !

- Si maintenant nous prenons des Papous papys… (4)

Le maître, dut interrompre Gaston, car nous étions tous anéantis, sonnés, groggy,  comme après un match de boxe.

Où es-tu Jean Marie qu’es-tu devenu ? Il avait composé une poésie sur les mules, après avoir entendu l’histoire de celle d’un certain pape écrite par Alphonse Daudet

Six mules ont bu l’eau du lac

Six mules ont bu là ?

Si six mules ont bu là

Six cent six mules y boiront

L’eau du lac ont bu

Lac est vidé

Pas d’eau, pas d’os, oh eau !

Je m’en souviens, comme si c’était hier, ce matin-là, comme tous les matins, nous commencions notre journée, par une leçon de morale. Ce jour-là, notre maître avait écrit au tableau : C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Jean Marie lut avec beaucoup d’attention la phrase et le plus sérieusement du monde il leva la main et nous dit ceci : C’est vrai, et c’est en coupant du bois que Léonard devint scie !!

Un autre jour, en novembre, un de ces jours du mois noir, venteux et glacial, nous étions interrogés, un par un, sur les adjectifs qualificatifs, épithètes et attributs. Jean Marie se leva, regarda par la fenêtre le ciel gris humide et triste comme un jour d’enterrement, puis son regard revint vers nous et il nous donna à tous une phrase avec un adjectif épithète :

- Aujourd’hui, il pleut, il vente, il fait froid… épithète que demain il fera beau !

Devant l’hilarité de la classe entière et un peu irrité, le maître lui demanda alors de lui donner des exemples de pluriels irréguliers. Jean Marie réfléchit longuement puis déclara :

- Un petit beurre, des touyous et une bière des haltères !!!!!

En leçon de choses, ce fut Gaston qui fut interrogé, sur les mammifères, le maître lui demanda de lui citer, deux mammifères volants, la réponse de Gaston fut instantanée :

- Une chauve-souris et une hôtesse de l’air !

Et enfin en géographie, à une question du maître, sur les pays du Maghreb, il nous affirma, très sûr de lui, qu’il y avait des chalumeaux, dans le désert. Comme nous riions tous, il nous dit :

- C’est ça vous pouvez rire, je sais ce que je dis, un chalumeau, c’est un dromaludaire, avec deux bosses !! Et en plus les chalumeaux roucoulent !

- Tu ne te trompes pas d’animal et de région, lui fit observer notre maître ?

- Pas du tout, les chalumeaux, avancent et roucoulent, ils avancent et roucoulent, ils… !!

Un autre jour, notre maître en colère, nous dit qu’il avait trouvé un morceau de pain dans la cour, que c’était indigne de gaspiller ainsi la nourriture pendant que d’autres enfants n’avaient rien à manger, pas même du lait. Jean Marie s’adressa à l’homme en blouse grise :

- Maître, mon père à construit un nouveau hangar, et nous avons beaucoup de tôles, qui ne servent donc plus, on pourrait peut-être les donner à ces enfants qui ont faim !

Notre instituteur, le regarda perplexe.

- Je ne vois pas très bien le rapport avec les tôles et la faim des enfants ! Explique-nous !

- Ben si Monsieur, les tôles ont du lait !

Que de souvenirs !!

Donc ce matin-là après avoir tous chanté avec beaucoup d’entrain et d’enthousiasme Jean de la lune et La fille du labourou à plusieurs voix, nous étions prêts à affronter les périmètres, les équilatéraux, et les autres losanges ou arcs de cercle. Nous avons pris notre cahier de composition de calcul, et nous regardions un peu anxieux, le tableau noir pivotant, où il n’y avait rien d’écrit, mais nous le savions tous, derrière… ? 

Le maître fit tourner très lentement, pour faire durer le suspens, le tableau sur son axe. Il y eut un silence soudain dans la classe, des regards stupéfaits s’échangèrent et  des sueurs froides commençaient déjà à poindre sur des fronts. Notre maître nous avait concocté un problème assez déconcertant, jugez-en plutôt :

Si six Suisses et six sioux assis sur six souches de sauge sèche sucent six saucisses sèches à sept sous et six saucissons secs à six sous, combien, six cent six Suisses et six cent six sioux, assis sur six cent six souches de sauge sèche, suceront-ils de saucisses sèches à sept sous et de saucissons secs à six sous ??

Comme moi, tous mes camarades de classe, avons pris notre ardoise, et dans un silence pesant, nous avons mis nos méninges et nos crayons en action.

Au fond de la classe, c’est en général là qu’ils sont, dit-on...,  notre camarade, qui s’appelait Fulgence, comme son grand oncle, vous savez, celui qui fut l’inventeur du métro parisien, resta les bras croisés sur sa table, regardant d’une manière bizarre, avec un petit sourire moqueur, le tableau et l’énoncé de la composition. Il faut dire que Fulgence, était le plus malin d’entre nous tous, toujours rieur, un rire, très communicatif, mais il était aussi un peu lent, pour vous dire, en histoire par exemple, la plupart d’entre nous, assistions à la bataille d’Austerlitz, alors que Fulgence lui, accompagnait encore Roland à Roncevaux !! Fulgence était toujours poli, les remontrances de notre maître semblaient glisser sur lui, comme l’eau sur le plumage d’un colvert. Il avait, parfois, des réponses surprenantes. Un jour le maître lui demanda combien faisaient deux et deux, Fulgence répondit aussitôt : « match nul ! » Devant cette réponse, le maître essaya de lui poser la question d’une manière différente, disons plus pédagogique :

- Fulgence, j’ai deux oranges dans une main, et deux oranges dans l’autre,  combien en ai-je en tout ?

- Je ne peux  pas vous le dire maître, l’année dernière, on comptait avec des pommes !!

Fulgence avait aussi quelques fois, de vrais  éclairs de génie, comme ce fameux jour de compositions.

Alors que nous avions tous terminé, certains la chemise trempée sur le dos, avaient depuis déjà bien longtemps renoncé, allant même jusqu’à brandir un drapeau blanc, le maître, très calmement, sans élever la voix interpella Fulgence :

- Alors Fulgence, ce n’est pas la forme olympique aujourd’hui, je vais encore être obligé de te mettre un zéro, et de te garder en punition !

Fulgence le regardait, son sourire moqueur toujours aux lèvres, puis s’adressant au maître, avec sa voix de miel, si caractéristique, il lui répondit :

- Je pense maître, que vous n’aurez pas à vous donner cette peine, puisque je connais la réponse !!

Tous les regards, les nôtres et ceux de la classe inférieure,  dans un bel ensemble, se tournèrent vers le fond de la classe.

- Ah oui ! Et bien je t’écoute, lui dit le maître d’école !

Fulgence se leva de son banc prit une inspiration et s’adressa à nous, comme si nous assistions à une pièce de théâtre, il relut l’énoncé:

- Si six Suisses et six sioux assis sur six souches de sauge sèche sucent six saucisses sèches à sept sous et six saucissons secs à six sous, combien, six cent six Suisses et six cent six sioux, assis sur six cent six souches de sauge sèche, suceront-ils de saucisses sèches à sept sous et de saucissons secs à six sous ??

- Maître, voici la réponse : six cent six Suisses et six cent six sioux assis sur six cent six souches de  sauge sèche, suceront six cent six saucisses sèches à sept sous, et six cent six saucissons secs à six sous, c’est ça, c’est sûr et sans soucis !!

Dans la cour de l’école, il y avait de grands tilleuls et un peu plus loin dans un champ on apercevait des cyprès majestueux. Fulgence, tourna la tête vers la fenêtre, et nous montra les arbres du doigt :

- Ces cyprès sont si loin, qu’on ne sait si c’en sont !!

Nous étions tous médusés, comme notre maître. Certains demandaient un armistice immédiat, les mains en l’air, prêts à signer n’importe quel acte de reddition. Fulgence se rassit, un large sourire éclairait son visage, il savait déjà qu’il était le seul de la classe à avoir trouvé la bonne réponse, sans même avoir eu besoin de son ardoise, laquelle d’ailleurs provenait directement du toit de sa maison. Il fut très applaudi par la classe entière, même notre maître y alla de bon cœur, Fulgence eut bien sûr la  meilleure note, et fut le premier en composition de calcul !!

La journée se poursuivit puis vint pour nous, le moment tant redouté, de la composition de dictée. Le maître de sa belle voix,  nous lut la dictée. En fait elle était en deux parties, plus exactement en deux phrases, bien distinctes, l’une de l’autre. La  première de ces phrases, disait :

En l’occurrence, la tranquillité de la succession est réellement un dilemme, c’est toujours assez invraisemblable !

Quant à la deuxième, elle était un peu moins difficile :

Les  poules étaient sorties du poulailler dès qu’on avait ouvert la porte !

Ce fut encore Fulgence qui se fit remarquer. A la fin de la dictée, de la deuxième phrase, un énorme rire, franc, se fit entendre au fond de la classe. Là encore, tous les yeux se tournèrent, vers Fulgence, qui riait aux éclats, en regardant sa feuille de cahier. Le maître demanda à voir le cahier de Fulgence, et il lut surtout la deuxième phrase. Nous voyions bien que notre maître faisait un effort considérable, pour ne pas partager son rire, avec son élève. Il demanda à Fulgence de bien vouloir aller au tableau, et de réécrire sa phrase pour nous. Fulgence s’appliqua et nous écrivit la phrase suivante :

Les poules étaient sorties du poulailler, des cons avaient ouvert la porte !

Nous chantâmes une nouvelle fois, puis ce fut la leçon d’histoire. Nous avions déjà, nos oreilles grandes ouvertes, nous l’attendions cette leçon, d’autant plus que c’était la toute dernière du programme, les vacances d’été pointaient le bout de leur nez.

Notre maître nous surprit tous, en nous déclarant :

- Mes chers enfants, comme vous le savez, c’est la toute dernière leçon d’histoire de l’année, aussi je vais vous demander de bien réfléchir et de me dire, parmi tous les personnages historiques dont je vous ai  parlé au cours de cette année, quel personnage, auriez-vous aimé être !

Chacun d’entre nous, à tour de rôle, nous avons réfléchi et donné un nom illustre. Quand ce fut au tour de Fulgence, chacun pensa à son grand oncle et parrain, le célèbre ingénieur qui dirigea les travaux d’adduction d’eau de source de la ville de Paris et qui surtout fut l’inventeur du métro, à savoir Fulgence BIENVENUE.

Fulgence se leva de son banc, puis d’une voix assurée, déclara :

- Moi j’aurais bien aimé être le soldat CEFERAUT !

Nous nous regardâmes, puis notre maître d’école chercha en vain dans sa mémoire, qui pouvait bien être ce soldat CEFERAUT, serait-ce le nom du soldat inconnu ??

Faute de réponse, le maître demanda alors des précisions à Fulgence ;

- Vous nous en avez parlé dans une chanson !

- Dans une chanson ?

- Oui ! Rappelez-vous, vous nous avez appris une chanson écrite par un chtimi, un gars du Nord quoi, un certain  Rouget de Lille qui disait : « CEFERAUT ce soldat !! »

Notre fin de  journée, se termina en apothéose !! Le père de Fulgence arriva juste au moment où nous rangions nos cartables pour le lendemain. Il avait été chargé par le maire de la commune, de livrer une charrette entière de bois de chauffage à l’école. Il arriva, ses deux chevaux en flèche, et  une énorme montagne de bûches. Le déchargement terminé, notre maître le prit à l’écart, pour lui parler de son fils Fulgence et de sa journée. Le père écouta le maître d’école, avec beaucoup d’attention puis entra dans la classe et fit face à Fulgence :

- Ah ! C’est comme ça ! Eh bien tu vas voir, en rentrant ce soir, je t’enferme dans le poulailler !!

La réponse de Fulgence fusa :

- Fais ce que tu veux, mais je m’en fous, je ne pondrai pas !!

Notre retour à la maison fut des plus joyeux et nous avions tous hâte de retrouver le lendemain notre Fulgence. Mais pas de Fulgence le lendemain à l’école ! Ni le surlendemain ! Nous étions tous un peu inquiets, quand un message de Fulgence  nous arriva, gravé sur une autre ardoise de son toit et transmis par un élève, son plus proche voisin. Fulgence nous écrivait ceci :

- « Mon père a fait comme il l’avait dit,  depuis hier soi, je suis dans le poulailler,  je ne m’ennuie pas, je pense beaucoup à vous. Moi aussi, comme mon père, j’ai tenu ma promesse, je n’ai rien pondu, mais je couve ! C’est peut-être le vermicelle, ou la varicelle, je ne sais plus. Je vous embrasse tous et toutes… !!  Fulgence ».

Gaston et  Fulgence quittèrent l’école puis se retrouvèrent bien des années après. Ils  associèrent alors leurs talents. Fulgence devint un artiste réputé et reconnu, il réalisait de magnifiques portraits, qu’il gravait sur de grandes plaques d’ardoise. Parfois, il devait aller les chercher très loin, jusqu’en ESPAGNE. Quant à Gaston, avec l’oiseau de vérité, la feuille de laurier qui chante, la vieille qui  racontait, l’histoire  de  Fulbert et du pont d’argent, et bien d’autres histoires qu’il collectait auprès des anciens de notre village d’enfance et d’ailleurs, ou des histoires qu’il inventait de toutes pièces, ce fut le plus grand conteur que je n’ai jamais entendu.

Je ne puis  terminer, cette évocation de souvenirs, et quels souvenirs, toujours aussi présents dans ma mémoire, plus de cinquante années après, sans vous parler, de Monique, notre  camarade de classe, quelle camarade !  Je crois bien, que nous en étions tous amoureux. La seule donc à avoir été quelques années plus tard, maîtresse dans cette petite école, après en avoir été élève. Monique était déjà, à cette époque, notre tête de classe, première en tout, même en gymnastique. Donc quelques années plus tard, elle passait un BAC littéraire et obtenait la mention TB et surtout la meilleure note de toutes les annales, depuis Napoléon, en philosophie, avec une note de 20/20 ! Le sujet qu’elle avait choisi, était le suivant : dissertez de manière succincte, sur ces trois concepts : LA RELIGION, LA SEXUALITÉ et LE MYSTÈRE «  .Monique n’écrivit que cinq petit mots, et obtint ainsi la note de 20/20 : Mon Dieu, je suis enceinte ! Mais de qui ?... Ayant rendu son devoir de philo, seulement quelques minutes après avoir reçu son sujet, elle s’empressa de rejoindre son amoureux... Puis juste avant d’entrer à l’Ecole Normale d’institutrices, elle dû  avouer à ses parents, les deux mains sur son ventre, qu’elle était en avance sur son temps, de cinquante ans, car elle avait déjà UN PORTABLE... !

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Lexique

(1) bobia : rester bouche bée ou bailler aux corneilles (langage gallo).

(2) barbâchoux : mal lavé, à qui il reste, par exemple chez un enfant, des traces de chocolat autour de la bouche (langage gallo).

(3) bouchon d’étchuelle : un chiffon humide (langage gallo en Bretagne) qui servait tous les jours, aussi bien à essuyer la table, que la pierre d’évier et qui servait surtout d’éponge, pour faire la vaisselle, d’où le mot ETCHUELLE, qui était le nom déformé de ECUELLE (mot plus très usité actuellement en gallo, ou seulement dans les histoires racontées ou les contes).

(4) les Papous à poux : lu dans un « Gaston LAGAFFE » d’où le prénom « Gaston » et son surnom « Le GAFFEUR » (merci à toi Gaston !!)

(*) Paroles et musiques de François BUDET

 
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