Comme ces ourlets verts de l’eau qui sont par le sable engloutis,

Montent les vagues de douleur à l’assaut de mes résistances.

Quand celles-ci sont affaiblies, rompues, brisées par le ressac,

Elles cèdent comme ces châteaux illusoires

Que montent les enfants en remparts innocents.

Leurs gestes maladroits entassent avec une folle énergie

D’énormes boules de ce sable, bien inutilement formées

Disparaissant comme on s’enlise redevenant ce sable plat

Qui depuis les siècles des siècles a renoncé à ce combat.

 

Et la douleur est là. Sournoise.

Guettant mes relâchements, mes faiblesses.

Mon esprit lutte, prend le dessus.

Elle, encore une fois découverte,

Avant que de n’avoir vaincu,

Se retire, tout doucement,

Comme on part sur le bout des pieds,

Elle reviendra. Elle est là.

Je ne l’ai pas senti venir.

Je ne l’ai pas anticipée.

Elle a rompu et bousculé

Tout ce qui entravait sa course

Et maintenant elle me ronge,

Savourant l’instant de triomphe.

 

Elle ne sait pas, la bougresse,

Qu’à la fin de tout je l’aurai.

Jusqu’à la fin, jusqu’au partir,

A l’instant même de mourir,

Elle sera là, la fidèle,

Elle, qui toujours m’aura suivi.

Marquant chaque pas de ma vie,

Rythmant mes courses et mes haltes.

 

Vieille maîtresse, ta peau flétrie

Attire encore mes caresses.

Avec le temps, avec les ans,

Nous sommes devenus amants.

Tant que tu me suivras partout.

Tant que tu chercheras en moi

Le petit instant de faiblesse

Dans lequel tu te glisseras

Ravageant le peu qui me reste,

De forces, de courage et d’envie,

Tant que tout cela durera,

Fera que je serai en vie.

 

 

 

Alain Springer© mardi 19 août 2008

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Tableau - Marc Zarka


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