Je l’ai tuée !...

 

 

 

Oui, je l’avoue.

J’ignorai que je portais en moi cet instinct criminel qui me poussa à commettre …

 

L’acte !...

 

Pouvais-je me douter d’une aussi terrible faiblesse...

Qui me conduisit à consommer l’irréparable.

Toutefois je n’en ressens nul regret.

Jajouterai même que cela m’a fait... du bien.

Non, monsieur le juge, ce n’était pas prémédité.

Cela m’a surpris  et envahi.

Je ne pouvais résister à l’envie de… enfin d’accomplir ce que vous savez.

Permettez-moi de plaider pour un crime passionnel.

Déjà, dans ma prime enfance, ce genre de situation s’est produit et répété.

Oui, cela m’est arrivé maintes fois.

Non, mes parents ne s’en sont pas inquiétés.

Ils m’encourageaient même.

Bien sûr j’ai laissé sur mon passage de nombreuses victimes.

Mais là encore, sans vouloir vous offenser, monsieur le juge,

Je ne le regrette pas et, sans vouloir me moquer,

J’irai jusqu’ à dire que cela m’a fait du bien et que je m’en félicite.

Allons, pourquoi le renier, je reconnais avoir tué…

Le temps.

Oui j’avoue, j’ai tué le temps.

Non,

Vous ne pouviez retrouver le corps...

Puisque mon acte était destiné à le faire totalement disparaître.

Je voulais voir le temps  suspendu, oui définitivement suspendu

A un clou que j’ai infiniment façonné. 

Mon arme ?...

Une chose aux extrémités pointues, capable de percer un cœur,

A dents de soie mais à la pointe acérée de l’esprit.

 La poésie !...

Il y a encore mon sang sur elle,  je crois qu’elle en sera longtemps imprégnée.

Vous y retrouverez mon empreinte.

Là, permettez, monsieur le juge, non et non,

Pour ce port d’arme je n’avais nul besoin d’autorisation.

Du moins

Pas encore...

 

François Fournet inuit.fournet@free.fr


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