Ce matin la brume était là et avec elle
Le cri lugubre du corbeau renforçait l'impression d'automne...
L'été les corbeaux crient-ils ?
Je ne sais, mais jamais je ne les entends.
Je les retrouve au ciel grisé de mi septembre
Lançant cet appel rauque qui semble chasser le soleil.
Les feuilles gouttent…
Une eau froide tombe sans bruit du bout de leur ramage vert
Comme des pleurs qui doucement, tout doucement
Les ramèneraient à la terre.
Elles sont vertes encore semblent dire les gouttes,
Mais d'ici peu le brun de la rouille du temps
Les portera au gré du vent vers les flaques grises du sol.
Dans les bois déjà dépouillés
Les châtaigniers couleur de fer
Laissent tomber au sol de longues larmes mornes.
Tapis brun sur nid de fougères
Où se cacheront les piquants des bogues
Des rondes châtaignes
De nos soirs d'octobre.
L'automne n'est pas encore là, mais c'est tout comme...
Il est dans mon spleen,
Il est aussi dans l’air du temps qui semble répéter les dictées ;
Les leçons apprises jadis alors qu’enfants nous ahanions
En blouse grise les vers de poèmes anciens,
Souvent sans même les comprendre ...
L’automne vient après l'été...
Et les échos des sanglots longs
Des tristes violons de Verlaine
M’entraînent vers le froid et l’hiver annoncés
De la fin d’une vie
Dont j’ignore la cause et ne sais rien des buts
Pas plus que je n’en connais la durée ni l’issue.
Mais en ces heures de tristesse.
Le froid s’infiltre dans mes os,
l’herbe se tasse sous mes pieds
Et seuls les oiseaux noirs sont là...
Leur cri lugubre me rappelle
Que le vert va quitter la terre.
Déjà mon esprit s’engourdi,
Mes doigts ne trouvent plus les mots
Ils ne savent plus les chemins
Les voies si tendres de ta peau.
Gourds ils attendent le retour
Des jours du printemps ; de l’amour
Ils sauront bien les retrouver.
Leurs traces en la neige oubliées
Se reformeront chaque année.
Et chaque fois la même route
En conduira la destinée
Jusqu'à la fin, au dernier jour...
Alain Springer© 29 septembre 2005
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de Poésie