Jusqu'au delà des mers j'irai te rechercher

 

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Je tisserai avec des mots si fins des toiles

Et j'en ferai de si solides et si légères voiles

Je m’appliquerai tant et tant à l’ouvrage

Qu’elles ne craindront le vent ni les orages

 

Avec le nom des arbres je formerai des planches

Elles seront galbées, fines comme tes hanches

Elles sentiront bon sous la pluie de copeaux

Et elles n'auront peur ni des mers, ni des flots

 

Avec des mots d'amour je creuserai des rames

Elles feront aller mon esquif sur les lames

Il filera tel un exocet qui ne sait plus s’il vole ou nage

Et laissera dans l'eau la trace d'un nuage

 

Avec des mots de tendresse infinie je filerai vers toi

Je glisserai sur l'onde à l'estuaire de tes bras

Jusqu’à la crique douce où déjà tu m’attends

Où je ne craindrai plus la peur, ni les méchants

 

Avec des mots de soie j'entrerai dans ton port

Je formerai de toi l'escale de mon corps

Au douillet de ton ventre, au sein de tes entrailles

Et là j'épancherai la faim qui me tenaille

 

Je glisserai sur l'eau, comme un fétu de paille

Et porté par les vents autant que par les flots

J’irai dans tes eaux calmes et folles à la fois

Me reposer, enfin d’un voyage de roi

 

J’irai dans ton mouillage au clapotis de l'eau

Poserai mon bagage, brûlerai mon bateau

Ensemble il nous faudra alors, soir après soir

Inventer une suite et la fin de l’histoire

 

 Alain Springer©

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